L'Ecole du Travail (1)

Revue CLARTƒ n¡62 du 1er juillet 1924, pages 309 ˆ 312

par C. FREINET

 

L'Ecole actuelle, avons-nous dit, est dans une impasse*1, dont les meilleures rŽformes sont impuissantes ˆ la tirer. Il faut la transformer, la rŽvolutionner*1, si nous voulons qu'elle puisse reprendre sa marche en avant. C'est l'orientation elle-mme de l'Žcole qui doit tre changŽe : nous voulons comme fin de l'Žducation, non pas la seule acquisition des connaissances, le dŽveloppement du savoir – ce que nous avons rŽsumŽ d'un mot : le capitalisme de culture – mais la formation humaine et sociale du travailleur et le dŽveloppement du vouloir.

Comment y parviendrons-nous ? Notre t‰che serait difficile et prŽsomptueuse si nous voulions b‰tir de toutes pices, en utopie, un systme nouveau d'Žducation. Heureusement, de nombreuses rŽalisations sont lˆ pour nous montrer la voie : rŽalisations dans les Žcoles bourgeoises, publiques ou privŽes, d'une part (Žcoles de Faria de Vasconcellos, en Belgique, de P. Gheeb dans l'Odenwald, du Dr Lietz, d'H. Tobler, d'Hambourg, etc.) et surtout les premires manifestations de l'Žcole nouvelle en Russie soviŽtique. A quelques modalitŽs prs, les rŽsultats concourent ˆ montrer que les grands principes de l'Ecole nouvelle doivent tre*2 :

1¡ Un milieu d'activitŽ et de libertŽ qui, ˆ notre avis, trouve son expression dŽfinitive dans la libre communautŽ scolaire (2)*3 ;

2¡ Un enseignement basŽ sur l'activitŽ de l'Žlve. L'enfant ne doit plus s'instruire passivement, en enregistrant seulement la parole du ma”tre. Il doit se dŽvelopper par son travail. Mais tous les Žducateurs sont loin de s'accorder sur une conception de l'Ecole du Travail. Nous t‰cherons, nous, de dŽfinir l'Žcole du travail prolŽtarienne ;

3¡ L'action de l'Ecole, enfin, ne peut pas tre terminŽe ˆ 13 ans, ni mme ˆ 15. Il faut qu'elle suive l'Žlve durant toute son adolescence de faon ˆ assurer son Žducation et le prŽparer directement au travail social.

 

Ce que sera l'Ecole du travail

 

L'Ecole du travail n'est qu'une Žtiquette dont la signification varie avec l'esprit de ceux qui l'emploient.

Cette expression o Keichensteiner et Gauding, notamment, avaient introduit dans les Žcoles quelques pratiques Žducatives basŽes sur le travail manuel. L'effort Žtait certes louable puisqu'il donnait ˆ l'Žcole une activitŽ nouvelle et qu'il l'orientait vers le libre travail post-rŽvolutionnaire. Et c'est d'Žcoles bourgeoises ainsi rŽformŽes et perfectionnŽes qu'ont pu sortir, ˆ la faveur de la rŽvolution, les Žcoles nouvelles d'Hambourg. Mais ce n'Žtait pas l'esprit lui-mme de l'Žcole qui Žtait changŽ ; cette Ç transformation È nŽcessite une pŽriode plus ou moins longue de crise, une vraie rŽvolution qui refait l'ordre de l'Žcole, et que Max Tepp*4 a racontŽ en dŽtail dans sa brochure Ç L'Ecole nouvelle È. L'Ecole du travail allemande reste la conception petite-bourgeoise et rŽformiste de l'Ecole nouvelle – et ce ne sont pas lˆ des mots de mŽpris ; ils marquent* seulement une Žtape. L'Žcole allemande est l'Illustrierschule, l'Žcole d'illustration, comme l'appelle Blonsky, o le travail n'est qu'un moyen pour faciliter l'acquisition et la culture capitalistes.

Il a fallu l'avnement d'un pouvoir prolŽtarien en Russie pour franchir la barrire que l'Etat bourgeois posait comme limite au dŽveloppement des meilleures Žcoles nouvelles, et donner hardiment le travail comme base ˆ tout le systme scolaire.

Mais voilˆ que, imbus de leurs prŽjugŽs de caste, tous les intellectuels se rŽcrient. Comment ? Attendre du travail manuel, productif ds que possible, un dŽveloppement suffisant de l'homme, au moment mme o la civilisation demande un effort intellectuel de plus en plus intense, quelle utopie, et quelle folie !

C'est cette utopie que nous dŽfendrons.

Le travail manuel n'est pas tout, certes. Mais il porte en lui, latent, l'effort physique et intellectuel nŽcessaire ˆ un dŽveloppement harmonieux de l'homme. Et c'est justement cette harmonie que la sociŽtŽ nouvelle doit substituer au dŽsŽquilibre actuel.

Le travail satisfait le besoin de crŽation et d'action de l'enfant. Il lui fait, en mme temps, prendre conscience de son r™le social. Contrairement ˆ l'enseignement livresque et oppressif actuel, il s'adapte donc admirablement ˆ la nature de l'enfant. Il faut, bien entendu, que le travail se poursuive dans une atmosphre d'entr'aide*4 et de libertŽ qui permette la crŽation spontanŽe, au sein de la communautŽ, de la division du travail utilisant au mieux les aptitudes individuelles.

Ainsi compris, le travail pousse les Žlves ˆ Žtudier d'eux-mmes, dans les livres ou par les adultes, et alors seulement qu'ils en sentent l'impŽrieuse nŽcessitŽ, les questions compliquŽes et abstraites qui font aujourd'hui le dŽsespoir des Žtudiants.

En rŽsumŽ, le travail comme base Žducative prŽpare l'harmonie sociale par l'harmonie individuelle ; il est un stimulant pour l'Žtude abstraite, il est enfin un facteur inapprŽciable de moralitŽ et de sociabilitŽ.

 

La pratique de l'Ecole du travail

 

Cette pratique est loin encore d'tre dŽfinie. L'Žcole russe qui, seule, peut apporter des rŽsultats probants, n'existe que depuis quelques annŽes, et dans des conditions Žconomiques souvent difficiles. Il est trop t™t encore pour prŽtendre en tirer un enseignement dŽfinitif. Mais il nous est bien permis cependant d'indiquer la route probable qui conduit ˆ l'Žcole de l'avenir.

Nous sommes ici d'autant plus ˆ l'aise que l'Žcole russe n'a fait que continuer – et adapter ˆ la sociŽtŽ nouvelle – les rŽalisations diverses des Žcoles nouvelles occidentales. De mme que la communautŽ scolaire a ŽtŽ expŽrimentŽe d'abord dans ces Žcoles pour trouver enfin son expression dŽfinitive dans l'Žcole rŽvolutionnaire russe, l'Ecole du travail nous para”t l'aboutissement naturel des efforts des pŽdagogues rŽvolutionnaires de l'Occident.

L'Ecole de l'Odenwald (directeur P. Gheeb), celle de Hof-Oberkirch (directeur : H. Tobler), les Žcoles nouvelles d'Hambourg, de nombreuses Žcoles publiques allemandes, font du travail la principale activitŽ scolaire. L'Žcole que Faria de Vasconcellos avait fondŽe en Belgique Žtait mme une vraie Žcole du travail dans ce sens que le travail y Žtait bien ˆ la base de toute Žducation.

Tous reconnaissent du moins la valeur intellectuelle et morale du travail. Ce sont les modalitŽs de la pratique qui demandent encore une expŽrimentation sŽrieuse et une lente mise au point. Car il ne s'agit pas de mettre l'enfant, ds le plus jeune ‰ge, devant la complexitŽ des machines modernes. D'autant plus que, le travail n'Žtant pas la fin de l'Žducation, mais seulement le moyen pour arriver ˆ la fin voulue : dŽvelopper le pouvoir vital et social de l'individu, il doit s'adapter parfaitement ˆ l'esprit des enfants ˆ Žlever.

Pour cela il sera bon d'abandonner de bonne heure les travaux fragmentaires – tenant plus du jeu que du travail – par lesquels on Ç occupait È les jeunes enfants, pour les orienter vers un travail vŽritable dont ils conoivent le but.

Or, le milieu de prŽdilection des jeunes enfants est la nature. Ils regardent la vie autour d'eux, et sont encore plus heureux si vous leur permettez de contribuer ˆ la crŽer. Ils s'intŽressent naturellement aux cultures simples, ˆ l'Žlevage de lapins et de poules, ˆ la construction d'abris primitifs, huttes ou grottes de sauvages, avec tous leurs ornements. Ils se passionneront aussi aux premires Žbauches d'industries, telles que la culture du chanvre et du lin, la filature et le tissage, la fabrication d'habits rudimentaires. Ces travaux dont on s'attachera ˆ faire sentir le plus possible l'utilitŽ pratique, ont, de plus, l'immense avantage d'tre bien ˆ la mesure de ces primitifs. Ils sont, d'ailleurs, une crŽation constante qui dŽveloppe l'intelligence et la raison, tout en familiarisant avec les premires pratiques scolaires : lire et Žcrire, compter, mesurer, peser, etc.*

A mesure qu'ils acquerront le sens de l'entr'aide*5 et de la sociabilitŽ, les Žlves accderont ˆ un nouveau stade de l'Žducation, celui de la diffŽrenciation lente des mŽtiers. Il ne s'agit certes pas de leur faire rŽinventer totalement tout ce que la civilisation a mis ˆ notre portŽe. Ils en ont tous les jours les modles sous leurs yeux – ce qui manquait aux gŽnies qui les dŽcouvrirent. Mais il est indispensable qu'ils Ïuvrent eux-mmes pour sentir la nŽcessitŽ et aussi les difficultŽs de cette Žvolution.

Aux cultures simples succderont les cultures raisonnŽes, avec calculs et comparaisons : de semences, d'engrais, de rapports, etc., ainsi que la pratique des mŽtiers nŽcessaires ˆ la culture et aux cultivateurs : tailleur, forgeron, menuisier, maon, cuisinier, etc.* Ces travaux iront de pair avec les Žtudes aujourd'hui exclusivement scolaires : arithmŽtique, gŽomŽtrie, histoire, gŽographie, gŽologie. Et l'avantage incontestable sera que ces Žtudes aujourdÕhui abstraites et revches deviendront intŽressantes parce qu'elles auront une fin, et que, en vue de cette fin, elles seront voulues, parfois intensŽment. Il faudrait pouvoir citer ˆ ce sujet les belles pages o Faria de Vasconcellos (3) raconte la vie de son Žcole nouvelle des environs de Bruxelles. On y verrait quelle activitŽ intellectuelle anime le petit monde en train de construire une maison ou de creuser un bassin ; et on serait ŽtonnŽ de voir une entreprise, toute matŽrielle en apparence, dŽvelopper un champ d'Žtudes qui n'est en rien comparable aux conceptions, mme les plus larges, de nos classes.

La dernire Žtape de l'Žcole sera l'initiation ˆ la division actuelle du travail, caractŽrisŽe par le machinisme. Mais un tel enseignement ne devra pas tre prŽmaturŽ : il concordera avec le besoin d'Žlves qui, ayant franchi les stades prŽcŽdents, arriveront dŽlibŽrŽment ˆ l'Žtude des machines compliquŽes. Et cette Žtude non plus ne devra pas tre thŽorique. Les Žlves collaboreront pour la construction et l'installation de machines utiles au travail de la communautŽ : machine ˆ vapeur simple, pompe, dynamo Žlectrique, etc. C'est ainsi qu'ils s'initieront ˆ la vie de ces outils perfectionnŽs qu'ils sont appelŽs ˆ manÏuvrer dans les usines.

Mais cette Žcole du travail se cantonnera-t-elle dans l'Žtude du machinisme comme d'aucuns semblent le redouter ? C'est lˆ, croyons-nous, une conception toute matŽrialiste, digne seulement d'un rŽgime de profit capitaliste. L'Žtude et l'apprentissage du travail n'ont pas pour seule fin le meilleur rendement social de ce travail – rŽsultat nŽcessaire cependant en rŽgime prolŽtarien. C'est toujours le dŽveloppement de l'individu qui reste le but. Mais nous voulons l'apprentissage du travail et de la vie par le travail et non par les livres.

 

L'Ecole du travail et les adolescents

 

L'Žcole actuelle abandonne l'enfant lorsque, ˆ 12 ou 13 ans, on le juge muni d'une quantitŽ suffisante de connaissance, ou que, du moins, il sait lire, Žcrire et compter. Car c'est en ces trois mots que se rŽduit finalement toute l'action de l'Žcole. Que vont, ds lors, devenir les Žlves ; qui les prŽpare ˆ une vie dans laquelle ils ne font que dŽbuter ; qui dŽveloppera les vellŽitŽs d'Žducation de notre modeste Žcole primaire ? HŽlas ! nous sommes obligŽs de constater qu'aprs 12 ou 13 ans, et pour la grande masse, rien n'a ŽtŽ fait, hors l'asservissement – pour ne pas dire l'abrutissement – par le clergŽ, puis par la presse et par les spectacles (4).

Des philanthropes nous avaient parlŽ de cours d'adultes ; mais ces nouvelles Žcoles de pauvres ne pouvaient que dŽgŽnŽrer. Et l'Etat n'a fait que mettre fin ˆ une Žquivoque en supprimant aux instituteurs qui font ces cours toute rŽtribution spŽciale (laquelle consistait ordinairement en deux semaines supplŽmentaires de vacances.)

On commence ˆ organiser – sur un autre plan – l'apprentissage. Mais ˆ part quelques initiatives trs intŽressantes, tout est encore ˆ faire.

Pour la grande masse seulement, avons-nous dit. Car, pour les riches, dont les familles n'attendent pas de leurs enfants une prŽcoce productivitŽ,* l'Žcole les retient jusqu'ˆ vingt, vingt-cinq, et mme trente ans. Que cette Žcole elle-mme ne manque pas de dŽfauts, c'est certain. Mais l'avantage incontestable de cette organisation, c'est l'idŽe de caste qu'elle assure aux bŽnŽficiaires, par une prŽparation directe ˆ leur r™le social futur : leur gouvernement de classe.

Les bourses pour les pauvres : on en donne tout juste assez pour permettre ˆ la classe exploiteuse de s'assimiler, pour se les asservir, les ŽlŽments plus intelligents. C'est le sang prolŽtarien, riche et vigoureux infusŽ ˆ la bourgeoisie dŽcadente. Car rares sont ceux qui, sortis, arrachŽs du peuple, savent y retourner, en Ç refusant de parvenir È.

Que fera pour l'Žducation de ces adolescents un gouvernement prolŽtarien ?

Pour la majeure partie des moyennement douŽs, l'action vraiment scolaire sera bien terminŽe vers 14 ou 15 ans. Il faudra, ds lors, s'occuper tout spŽcialement de la prŽparation professionnelle des jeunes ouvriers : sŽjour dans des Žcoles spŽciales pour les uns, simples stages dans des usines pour les autres. Mais le travail manuel de devra pas accaparer toute cette jeune activitŽ. Il faut que la mme alliance que nous avons voulu produire ds l'enfance entre l'Ecole et le Travail se continue durant l'adolescence, et que le travail manuel soit l'occasion et le stimulant du dŽveloppement intellectuel et moral de l'homme. La formule de cette alliance est encore ˆ trouver. Car il ne suffit pas d'un cours d'Žducation succŽdant au travail de l'atelier. Il faut que le dŽveloppement de l'individu soit l'effet du travail lui-mme, et intimement liŽ avec lui. C'est toujours le mme problme de l'adaptation. Et c'est ˆ cette seule condition que la jeunesse pourra s'intŽresser ˆ son travail et ˆ son Žducation, au lieu de les avoir tous deux en horreur comme cela se produit de nos jours.

Pour l'apprentissage du mŽtier lui-mme, il sera bon de se rappeler ce conseil de LŽnine : que chaque prolŽtaire apprenne non seulement un, mais plusieurs mŽtiers ; il sera ainsi possible de combattre la monotonie de certaines professions, et l'Žconomie prolŽtarienne gagnera en plasticitŽ.

Mais les biens douŽs sont destinŽs ˆ une autre utilisation sociale. Comment les dŽpister d'abord ? Ce travail a dŽjˆ ŽtŽ soigneusement prŽparŽ par les chercheurs bourgeois. Des tests existent – ceux de Binet et Simon et tant d'autres qui en sont la complication sinon toujours le perfectionnement – qui permettront de dŽterminer, avec un minimum d'erreurs, les Žlves qui peuvent accŽder ˆ un degrŽ supŽrieur d'enseignement.

 

L'Ecole branche de la production

 

Et ici encore l'Ecole doit rester l'Ecole du travail. Non pas exclusivement : car nous serons parfois en prŽsence de chercheurs passionnŽs pour les spŽculations intellectuelles pures. Mais du moins l'Ecole devra garder cet autre correctif : tre une branche de la production. Que l'Žtudiant se livre aux fantaisies intellectuelles qui lui plairont, mais pas avant de s'tre acquittŽ de ses premiers devoirs sociaux, c'est-ˆ-dire d'avoir contribuŽ par son travail ˆ crŽer de la richesse sociale.

Qu'un tel rŽgime soit possible pour des Žtudiants, il n'est pas mme permis d'en douter. Travail manuel et travail intellectuel maintiendront l'harmonie individuelle qui manque si compltement ˆ nombre de nos intellectuels, et qui peut seule mener ˆ l'harmonie sociale. La prŽparation serait plus longue : mais durerait-elle mme toute une vie, qu'importe, si l'Žtudiant s'acquitte en mme temps de ses devoirs de travailleurs.

La moralitŽ : Si aujourd'hui encore, malgrŽ la dŽformation capitaliste, il faut descendre dans les couches populaires pour trouver l'honntetŽ, la pitiŽ, la bontŽ, l'amour de la justice – car la moralitŽ des riches est devenue verbale et hypocrite – combien, dans une sociŽtŽ prolŽtarienne, une Žducation basŽe sur le travail n'exaltera-t-elle pas les sentiments de droiture, d'entr'aide*4 sociale et d'humanitŽ des libres travailleurs ?

 

C. FREINET.

 

(1) V. les prŽcŽdentes Žtudes de notre camarade Freinet* dans nos n¡s 47. 48*6 et 60.

(2) Voir Ç ClartŽ È, n¡ 49.*3

(3) Faria de Vasconcellos. – Une Žcole nouvelle en Belgique. (Delachaux, Žditeur.)

(4) Ç Il y avait, avant la guerre, trois millions de jeunes gens, filles ou garons, qui, aprs leur sortie de l'Žcole, ne recevaient plus aucune instruction, ni professionnelle, ni autre. Et, en face de ce nombre impressionnant, voici l'effectif approximatif des Žcoles techniques : Žcoles d'agriculture, 3.000 Žlves ; Žcoles techniques de commerce et d'industrie : 23.000 Žlves ; cours professionnels subventionnŽs par l'Etat : 70.000 Žlves ; cours ouverts par l'initiative privŽe : 52.000 Žlves ; en tout, cent cinquante mille enfants au maximum. È (Rapport de M. Constant Verlot, dŽputŽ.)

 

----------

 

Quelques notes Žcrites ˆ l'occasion de la numŽrisation du texte et de sa mise en ligne:

 

* Des erreurs d'orthographe et de ponctuation sont corrigŽes ˆ l'occasion de la frappe du texte : ils mar- ; etc... ; virgule ; Preinet

 

*1 En rappelant que Ç L'Ecole actuelle est dans une impasse È et dans tout ce paragraphe, Freinet fait rŽfŽrence ˆ la conclusion de l'article qu'il a prŽcŽdemment Žcrit pour la revue ClartŽ n¡60 du 1 juin 1924, pages 263 et 264 : VERS L'ƒCOLE DU PROLƒTARIAT La dernire Žtape de l'Žcole capitaliste. Ç La dŽcadence et la mort de l'Ecole sont le rŽsultat du dŽveloppement formidable du capitalisme ; c'est pour aboutir ˆ cette impasse que l'Žcole Ç gratuite et obligatoire È a, pendant un demi-sicle, instruit les travailleurs. Devant cette faillite, on comprend enfin le danger d'une instruction qui va ˆ l'encontre du progrs humain ; on voit qu'il ne suffit plus de dŽvelopper, d'amŽliorer, de Ç rŽformer È l'enseignement. Il faut le Ç transformer È – selon le mot de M. Ad. Ferrire, qui n'est cependant pas communiste – il faut le rŽvolutionner.

L'Žcole actuelle est fille et servante du capitalisme. A l'ordre nouveau doit nŽcessairement correspondre une orientation nouvelles de l'Ecole ProlŽtarienne. È

L'article publiŽ dans ClartŽ n¡62 est clairement la suite de l'article publiŽ dans ClartŽ n¡60.

 

*2 Ds 1912, ˆ Genve, avec le Bureau international des Žcoles nouvelles (BIEN), Adolphe Ferrire a Žtabli une liste qui dŽfinit les caractŽristiques d'une Ecole dite Nouvelle. Trente points sont explicitŽs en juillet 1915 dans la prŽface du livre de A. Faria de Vasconcellos, Une Žcole nouvelle en Belgique, puis, en avril 1925, dans la revue Pour l'Ere Nouvelle et, en 1955, dans son livre Les Žcoles nouvelles et leur r™le dans la transformation de la pŽdagogie contemporaine. RŽsumŽ : 1- l'Žcole est un laboratoire de pŽdagogie pratique ; 2- avec internat ; 3- ˆ la campagne ; 4- en maisons sŽparŽes ; 5- avec coŽducation des sexes ; 6- avec travaux manuels ; 7- dont menuiserie, culture, Žlevage ; 8- travaux libres ; 9- gymnastique naturelle, bain d'air naturiste ; 10- voyages ˆ pied et camping ; 11- culture gŽnŽrale ; 12- spŽcialisations libres ; 13- enseignement reposant sur les faits et l'expŽrience ; 14- activitŽ personnelle de l'enfant ; 15- respect des intŽrts spontanŽs ; 16- travail individuel ; 17- travail collectif ; 18- enseignement surtout le matin ; 19- peu de branches ŽtudiŽes chaque jour ; 20- peu de branches par mois ; 21- rŽpublique scolaire ; 22- Žlection de chefs d'Žquipes ; 23- rŽpartition des responsabilitŽs ; 24- rŽcompenses ou sanctions positives ; 25- punitions limitŽes ˆ la rŽparation des fautes commises ; 26- Žmulation ; 27- milieu de beautŽ ; 28- musique collective ; 29- Žducation de la conscience morale ; 30- Žducation de la raison pratique.

 

*3 Un chapitre est consacrŽ ˆ Ç La libre communautŽ scolaire È dans l'article de Freinet publiŽ dans la revue ClartŽ n¡49 du 15 dŽcembre 1923, pages 20 et 21 - VERS L'ƒCOLE DU PROLƒTARIAT La discipline nouvelle. Quelques rŽalisations.

 

*4 Max Tepp est ŽvoquŽ par Freinet dans un article de la revue Ecole EmancipŽe, n¡36, 4 juin 1921 - Contre une pŽdagogie syndicale, Rubrique : Chacun sa pierre.

 

*5 Il s'agit de l'orthographe utilisŽe au dŽbut du vingtime sicle, notamment dans le nom de l'association premire du Mouvement Freinet : CoopŽrative d'entr'aide pŽdagogique.

 

*6 Contrairement ˆ ce qui est indiquŽ, la revue ClartŽ n¡48 du 1er dŽcembre 1923 ne contient pas d'article de Freinet.

 

Des dossiers sont consacrŽs ˆ Antonio Faria de Vasconcellos, P. Gheeb, Dr Lietz, H. Tobler, les Žcoles d'Hambourg... dans le site www.amisdefreinet.org.

 

L'article est illustrŽ par un dessin de Baude signŽ b23. Il reprŽsente un travailleur.

 

par HervŽ MoullŽ, moulle@ecolebizu.org