Œuvre poétique de Matéo de Brou
L’enfant flamme
2016
Sommaire
1- Attention à ma tension
2- Un jour
3- Bébé
4- Le village des enfants
5- Le temps
6- Enfant sous le mal
7- Malheureux de Noël
8- La rose noire
9- L'homme a peur de l'homme.
10- Awulie
11- Allons
12- Le temps compte.
13- Pas de nom
14- Aeka
15- Bagage
16- Mi bisua
17- Kounn
18- Wanndi le
19- Wawe
20- L’abandon
21- Beyiblo
22- Microbe de nom

1- Attention à ma tension
 
Fou, crasseux, arme en main
mère apeurée, sourire triste,
merde de courageux la regarde,
dans le creux, crie un jouet armé.
Armé d'un bleu salé d'une eau de mer
Mer qui domine les flottes sans haine.
Maire d'un mariage raté, sorti d'un enfant.
Fou, grandit comme la guerre,
Ne comprit ce message de fleur.
Fleur d'amour sauvage, prête à aimer et à tuer
L'enfant, soldat d'une soirée sombre.
Perdu l'amour d'une mère de maternité retardée
Oh, enfant, soldat sans instruction du castre,
Comprend mal le sens d'une paix ratée.
Attention à la tension d'une mère,
folle, reprit le seau de douleurs,
Crie une fois au secours,
Ce cours raté d'un gamin perdu dans le rouge.
Le sang des innocents n'a pu le sauver.
Attention à la tension d'une mère.
 
Brou

2- Un jour
 
Deux jours, sans faim,
Un courage et une victoire.
Trois jours de calme et de tranquillité,
Un jour de sourire, l'enfant vit.
Deux jours, des soleils,
Fleur de couleur de paix.
Nuit du xxxè siècle,
Un enfant etsur deux,
Ne peinent dans la douleur sacré
Victoire d'une paix.
C'est un jeu imaginaire.
 
Brou

3- Bébé
 
Souriant, naïf sur le dos du dos d'une mère anxieuse,
Des feux de plomb comme des lucioles traversent la nuit.
Pensant à un jeu, ce beau des sourires ennui
Une mère raflée dans un soir de terreur joyeuse.
Silence, et bébé rit, pleure la vie des mourants de brave,
Pas d'hommes, homme garçon sans ce bébé qui bave,
Le feu traverse le souffle de cette mère,
Au-delà de ce que pensèrent les paires.
Silence, le calme, ni bruit de tam-tam de feu,
Le bébé au-delà, de l’au-delà, sombre,
Triste, mon rêve n'a pu qu’être une réalité.
Dans ce trou béant, une terre triste
Avale ses meilleurs bébés,
pleure, rit et danse d'une victoire sale.
 
Brou

4- Le village des enfants
 
A l'âge de cinq ans, mon père me parlait de ce village.
Un village où la discipline régnait sans forces de l'ordre,
Un village sans violation de droit,
Un village qui suivait les objectifs du développement durable,
Un village où l'école n'est pas obligatoire mais tous y étaient.
Un village de liberté et de démocratie,
Un village de libre expression, sans haines ni conflits.
Un village de richesse équitable,
Un village inclusif.
Un village sans couleur de peau, tous hommes,
Un village d'amour, de paix équilibrée.
Un village ordonné, calme et travailleur.
Ce village des enfants, oh si beau!
Mais je devins adulte dans un monde turbulent de guerres, attentats, de violations de droits, de crises ...
Et le village imaginaire des enfants n'existait pas or il devrait exister.
 
Brou

5- Le temps
 
De l'embryon à cent dix ans
Le temps tant en seconde,
De seconde en temps, passe un an
Sans faire la belle vie en seconde.
Cloué dans le fond de cette profondeur,
Le bruit d'une vague pudeur,
Loin, éloigné des plus graves odeurs,
Triste, gémi le temps sans valeur.
De milliards de secondes souffrent son temps,
Embryon, enfant, jeune et vieux.
Un temps pétrit de malheurs,
De conflits, de guerres et de génocides,
Maman fuyant, cet avorton fuit aussi le temps
Les bruits de canons engloutirent son enfance.
 
Brou

6- Enfant sous le mal
 
Joyeux dans la calamité du mal,
Ce calme poussiéreux dans un mauvais temps,
Jouant, sans conscient de ces combattants
Furieux, à la recherche d'un mâle.
L'enfant, crie dans un regard de haine,
Frappant le sol, pitié, découvre sa peine,
Le feu des fous a repris sans gloire,
Dans cette soirée où tout est noir.
Un rire ensanglanté domine sa peine,
pourtant pas de sang, ni amour,
L'enfant peiné, ne pleure.
Le mal d'une enfance le ronge,
La paix est noyée par le dominateur,
Aujourd'hui pas de balles mais des bals.
 
Brou.

7- Malheureux de Noël
 
Triste dans l'âge,
Caché, dans cette cabane,
Pas de jeux pour lui en banane,
Triste de perdre les pages.
Une vie, sa vie n'est que la peine,
Pas de jouets, inconnu des pairs.
Noël passe, et l'âge porte sa peine.
Le feu des fous a éventré la mère.
Oublié dans la panique des jeux en canon,
Seul, dans cette broussaille, roule le dos,
La haine des adultes a avalé son ballon.
Qui sommes-nous ce soir de conflit?
Enfant, le père noël a fini le partage.
Ni haine, ni méchanceté mais amour.
Aimons tous les enfants.
 
Brou

8- La rose noire
 
Peiné dans cette obscurité,
Ce noir éloigne de lui sa gaieté.
Vide dans une totalité démesurée,
La lumière s'assombrit dans la durée.
Cet embryon, dans ce lieu sobre,
Subit à distance le regard du sabre.
Quel que soit la victoire, une peine,
Peine de douleur et de méchanceté.
L'homme a fané cette rose de paix,
Oubliant, ce gamin, dans l’océan de conflits.
Conflits de sang sans paix.
Ce soir, une rose assombrie en main,
Sans une main d'enfance, pas de regret,
Notre temps, leur avenir incertain.
 
Brou

9- L'homme a peur de l'homme.
 
Ne me touche pas, il y a Ébola.
Ne me touche pas, une bombe.
Ne me touche pas, terrorisme.
Ne me touche pas, le noir.
Ne me touche pas, ce blanc.
Ne me touche pas, tu es femme.
Ne me touche pas, cet enfant.
Je suis Homme de la paix et j’ignore
l’homme.
Quel monde aurons-nous au XXX e siècle?
La paix est primordiale pour y arriver.
 
Brou

10- Awulie*
 
Sans ce sang, sa puissance vaine,
Oh!awulie d'un jour de combat.
Des blouses blanches courent bas,
Regardent le sang sortant des veines.
Blessée, maman doit accoucher ce bambin,
Pas de lits, ni sacs insalubres dans la salle,
Ah! Tous peinés dans ce lieu sale,
Car ce soir, dans ce noir, il n'aura pas de bains.
Cris dans ce bruit assourdissant de canon,
L'enfant naît dans un calme sobre,
Son cri, le cri du sage et du démon.
Pourquoi tuer ce nouveau, nouveau-né.
Un canon tomba sur ce siège d’awulie.
Un silence, ce soir dans la tranquillité, naît.
 
Brou
 
Awulie : naissance

11- Allons
 
Feux sur notre demeure,
Pâle dans l'obscurité, des pleurs,
La paix s'éloigne du fou des feux de canon,
La haine, la méchanceté, souffrent les bidons.
Sur cette pirogue crasseuse, un enfant
Dans la traversée au-delà du bonheur,
Nul ne comprend sa peine de joindre le bord,
Un bord peut-être sans honneur.
Oh ! une mer, des mers sans profondeur détruites,
Allons, sans crainte dans ce beau bleu-ciel,
Lion du feu brûlant, l’enfant est instruit.
Non à cette barbarie majeure des adultes,
Non à ces déplacements inutiles,
Non aux guerres dans notre monde.
Sauvons leur enfance.
 
Brou

12- Le temps compte.
 
Et l'enfant se soucie,
Personne n'a un regard positif,
Prie pour se sauver du trou.
Perdu et vendu dans le temps,
Une mère assoiffée, le brutalise dans sa colère.
Pensant à un jeu, l'enfant fend la douleur majeure.
Oh !Mon droit, se réclame dans le silence.
Ce droit est aussi dans l'ombre du soir,
L'enfant compris et incompris se confond.
Oui mon droit, oh! Respecter mon droit.
 
Brou

13- Pas de nom
 
Cloué dans cette cabane obscure,
Voulu par cet ignare de méchanceté,
Découvert sans l’image d’un nom pure,
Ni nation, brûlure d’une nationalité.
 
Bakannga* roule sans un beau village,
De loin, le hé sonore l’interpelle,
Et personne de digne ne l’appelle,
Inconnu dans un sens plus large,
 
Ma souffrance est portée sur leurs dos,
Ni orphelin, ni parents je vis la solitude des bruits,
Une vie de rue et au-delà du plaisir.
 
Mon nom, enfant d’une rue…
Surpris dans une famille, je me décline.
La rue a pu enfin m’enfanter.
 
Brou
 
Bakannga : enfant

14- Aeka*
 
Sur le bord de ce grand beau bleu,
Ce paradis d’akunndan* noble,
Bassam gardera ce joli temps bleu,
Dans une imagination foudroyante,
Un silence, le fiannfue* dans sa joie,
Bâton en main, crache son feu.
Loin de leur aunnvue*,
Tue, tue et tue l’enfant.
Bassam souvenir d’un temps transformé,
Le fiannfue a pu le faire sans sa folie,
Coule cette pitié de rouge sur ce bleu.
Une beauté de couleur triste ;
N’ayant pas dit au revoir à l’enfant,
La mort dans la joie l’a anéanti.
Sur le bord de ce grand beau bleu,
Ce fut la fin d’une grande finition,
Et je fus nommé Aeka
 
Brou
 
Aeka : orphelin
Akunndan : pensée
fiannfue : fou
aunnvue : pitié

15- Bagage
 
Le ciel sur son épaule frêle,
Seul, son cœur sent une merde de souffrance,
Loin d’un pas, cet invisible de boule,
Une lourdeur de bagage le regarde et l’offense,
 
Mon âge me parle d’une petite enfance,
Mère affolée, au regard triste me suit,
Car je n’aurai jamais de suite,
Le temps de peine joyeuse s’avance.
 
Annanganman*, pitié des enfants grogne,
Pas un pas d’un enfant dans le temps de souffrance,
Tous dans la calamité du mal m’enfonce,
Le kpen* me charge et dans cette chaleur, me regagne.
 
Hélas sauvage de vaine socialisation
Une souffrance au temps de bonheur,
Ce temps qui au-delà fuit la récréation,
Et ce bagage loin de mon honneur.
 
Brou
 
Annanganman : Dieu
kpen : le vieux

16- Mi bisua*
 
Solitude de bisua*, j’y suis né,
Trouble, noire et dans le fond sombre,
La voix des plus adultes, gentils
Aux gans peints de rouge sale,
Mais pas de sang sur la voie du couchant,
Et pourtant des gémissements tristes,
J’y suis né.
Education dans le vent de notre annanganman*,
Cloué et près d’une mère amère,
La vie hors du village des enfants,
Je tiens ma souffrance vagabonde
Des soleils arrivèrent un grand soir,
Des parfums de rose abondent,
Ma liberté douce, glacée et émotive,
Enfin une lumière dominante,
Une liberté imaginaire dévoilée.
 
Brou
 
Mi bisua :ma prison
Annanganman :dieu

17- Kounn*
 
Silence, fleure déchirée en main,
Jeunesse gaspillée dans une faiblesse d’amour,
Fille, sur la colline pour un lendemain,
Attirante comme le miel d’un bon jour.
 
Nue, forcé dans une puberté aussi male,
Le kpen* accepte cette vilaine méchanceté,
Loin, dans cette turbulence d’obscurité,
Elle ne sent que l’odeur de ce dominant mâle.
 
Brutalité sauvage dans un analphabétisme,
Amour ensanglantée de couleur et de douleur,
Elle vient de finir son sacré de jeunesse.
 
Pas de crimes, ho ! Douceur de meurtre,
Cet amour glorieux finit par tuer,
Un temps, sans souvenirs de jeunesse.
 
Brou
 
Kounn : le calme
kpen : l’adulte ou le vieux

18- Wanndi le*
 
Fuis, fuis et wanndi* sans ce bagage,
Dans le fond de cette course folle,
Un enfant, les yeux hagards, crie
Dans le grand siège des dieux,
Un grand couteau lui tend les bras,
Sacré, et sale comme une poudrière,
Le ravin domine des corps pitiés,
Pleurant sous la force des clous,
La paix des paires s’éloigne de notre men*
La hargne d’une vaste violence très folle,
Plié en deux sous ce vide de chaleur,
Des bals en balle sifflotent
Et illuminent la nuit noire d’une enfance.
E wanndi, e wanndi *et fuir sans ce bagage.
Dans l’ensemble, sans un lieu de tranquillité,
La terre grande, parle et tremble.
Notre paix, même sale amoindrit les flammes du sang rouge.
Brou
Wanndi le : la fuite
Wanndi : fuir
e wanndi : fuyons

19- Wawe*
 
Fou dans l’ombre, sauvage dans le comble,
Voit son voile noir fou sombre et maniable,
Calme, bruit assourdissant en vain,
De tout côté, partout coule le rouge de vin.
 
Saoulé, arme en main, gentiment viole,
Violent dans cet acte ignoble,
Ne reconnaissant jamais son semblable,
Ignorant dans l’âge, fuis et contemple ce viol.
 
Ils ont perdu dans le temps une jeunesse,
Une jeunesse de fleur enflammée,
Flamme d’odeur du parfum riche.
 
Ha ! cette jeunesse dominant leur conscience.
Dans ce wawe,une lumière parlante,
Lumière d’une vie de renaissance.
 
Brou
 
wawe : l’ombre

20- L’abandon
 
Assise dans cette salle sale,
Elle a perdu l’espoir d’un futur proche.
Une cabane de classe me noie,
Un violant, armé, bâton pointu,
Ne sait interroger mais violant dans ce silence.
Le camp a changé dans le calme.
Peur d’y aller, peur d’être interrogé,
L’école du temps des temps,
L’abandon d’une fille, ce soir..
Dans le noir, la victoire d’un grand vieillard.
Dans les cris, existant d’une petite jeunesse,
L’abandonnée meurt d’être forcée une nuit.
Dans la douleur, oh !pas de rêve sacré
Le rêve d’une réussite imparfaite.
 
Brou

21- Beyiblo*
 
Né albinos, au-delà de leur pensée, beyiblo,
Né déformé parmi mes siens, beyiblo,
Né, dixième dans une grande famille, beyiblo.
Né de parents pauvres demeurant, beyiblo.
Be yi mi blo*, enfant je perds mon avenir,
Be yi mi blo, perdu je ne meurs pas dans le sang.
Dans le fond, une foudre de colère,
Colère des hommes, méchants
Méchants, souriant et tranquille.
Oh ! Temps de peines joyeuses.
Ne me jetez pas, je suis beyiblo.
Pourquoi suis-je né ?
 
Brou
 
Beyiblo : le rejeté

22- Microbe de nom
 
Perdu, invisible et connu par la grâce,
Ce mal subit une grande victoire folle,
Arme blanche, loin du couteau, agresse,
Mon mal, avoir mangé cette éducation de vol.
 
Microbe de nom ,pauvreté du premier jour ;
Leur nation refuse toujours mon bonjour…
Inconnu d’un soir ,un jouet en arme,
Arme de guerre, vie folle et pas d’âmes.
 
Dans le creux de ma pensée, orphelin,
Retrouvé au cœur d’une rue, pas de câlins
Malin, le linge rouge sous le confort.
Microbe fort, peu méchant mais tue fort.
 
Raison enfouie dans leur nation,
Rejet dominant, souffrance d’émotion,
Calme, la fleur sale n’a pas de parfum,
Microbe, jamais de vaccin, ni sérum pour le défunt.
 
Brou